ARAGON
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
Ah c'est toujours toi que l'on blesse
C'est toujours ton miroir brisé
Mon pauvre bonheur, ma faiblesse
Toi qu'on insulte et qu'on délaisse
Dans toute chair martyrisée
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
La faim, la fatigue et le froid
Toutes les misères du monde
C'est par mon amour que j'y crois
En elle je porte ma croix
Et de leurs nuits ma nuit se fonde
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
Jean Ferrat nous parle d' ARAGON :
L'oeuvre d' Aragon, je l'ai connue pendant mon adolescence, après la Libération
La poésie de la Résistance, dont Aragon était un des héros, rn' a, si j'ose dire, sauté aux yeux et au coeur.
J'ai découvert sa poésie en même temps
que celle d'autrespoêtes. Il n 'était pas
le seul, mais la façondont il écrivait m'était
particulièrement sensible. Et j'ai donc
lu certains de ses livres de
poésie. Le Crève-coeur, etc.
C'était l'époque où je voulais commencer
dans le spectacle. J'avais acheté une
guitare et je chantais comme ça les
chansons des autres. Un jour,
j'avais fait une musique, ma première,
je crois, et j'ai découvert qu'elle
s'adaptait presque tout a fait au
poême Les yeux d' Elsa
qui m'avait frappé.
C'étaient des alexandrins.
Les yeux d'Elsa, c'est
pratiquement la première
chanson que j'ai faite sur un poème de Louis Aragon.
A un moment, j'avais envisagé de faire aussi un ensemble de chansons
d'Apollinaire mais fïnalement, je n'ai pas trouvé ce qui me
correspondait pour faire tout un album.
Aragon est le seul poète connu que j'ai mis souvent
en musique. Je trouve que sa poésie correspond à une sorte d'idéal
d'écriture dans le domaine de la chanson.Le sens des images, la force de son expression, la concision extrême de ses vers cesont des choses qui, à mon avis, sont essentielles dans l'écriture d'une chanson.
Aragon a écrit des poèmes qui n'étaient pas faits a priori pour être des chansons
quoique le mot chant, le mot chanson reviennent constamment dans son oeuvre. Lui même a écrit "Chanson de ceci"," Chanson de cela". Le chant, au sens général du terme le chant de l'homme revient dans son oeuvre des dizaines et des dizaines de fois.
Il est évident que d'avoir été mis en musique a permis à certains de ses textes
d'être véhiculés d'une manière incomparable dans le public et d'avoir un écho qu'ils n'auraient pas eu sans cela. C'est sûr, D'ailleurs, il le reconnaissait lui-même.
Il était très content d'entendre ses chansons.Il disait "Tiens ! Mais c'est de moi, ça ! " Souvent, il ne s'en rappelait plus . « Mais où t'as pris ça?".
Article paru dans "Je chante" n°9 : sep/oct/nov 1992. Propos recuellis par Raoul Bellaïche en août et septembre 1992
et romanesque d'Aragon tourne autour de la question : comment trouver le véritable Amour et satisfaire l'infini du désir ? Avec une virtuosité exceptionnelle il excelle à évoquer les souvenirs, la passion et les peines. Les écrits d'Aragon s'expliquent par l'amour qui est aussi la pierre Toute l'oeuvre poétique angulaire de sa vie.